Révérend Angus Stewart
(une version écrite et éditée de la présentation du sujet par le Rev. Stewart durant le débat sur la « Psalmodie Exclusive »).
Le caractère unique des Psaumes
Le livre des Psaumes occupe une place particulière, voire unique, dans toutes les Ecritures. Tout d’abord, seul le livre des Psaumes a été écrit sur une période s’étendant sur quelque mille ans, depuis le Psaume de Moïse dans le désert (Ps. 90) à la captivité de Juda sur les rivières de Babylone (Ps. 137). Cela couvre presque toute la période de rédaction de l’Ancien Testament.
Deuxièmement, ce livre canonique se distingue par le fait que de nombreux écrivains – Moïse, David, Salomon, Asaph, Ethan, Héman, les fils de Coré, etc. – l’ont rédigé.
Troisièmement, c’est le livre le plus long de toute la Bible, de l’Ancien et du Nouveau Testament, de loin, avec 150 chapitres. Comme le montre la King James ou Authorized Version, les 150 Psaumes sont organisés en cinq livres (Ps. 1-41; 42-72; 73-89; 90-106; 107-150).
Quatrièmement, ce livre excelle par son exhaustivité, comme l’ont observé les éminents pères de l’église. Athanase l’appelait « l’épitomé de toute l’Écriture » ; Basile le Grand le considérait comme « un condensé de toute la théologie » ; pour Martin Luther, c’était « une petite Bible » ; Jean Calvin y voyait « une anatomie de l’âme ». Franz Delitzsch a déclaré : « Il n’y a pas de vérité essentielle du Nouveau Testament qui ne soit contenue dans les Psaumes ».
Le Seul Livre Canonique pour le Chant
Les quatre qualités précédentes servent de diverses manières la cinquième : le livre des Psaumes ou le Psautier est unique en ce sens que, parmi les 66 livres bibliques, il est le seul à être écrit avec comme divin objectif d’être spécifiquement chanté par le peuple de Dieu. Tous les livres de l’Écriture, y compris les Psaumes, doivent être lus et prêchés, et servent à encadrer correctement la prière, mais seuls les Psaumes ont la vocation canonique d’un livre de cantiques.
Premièrement, il est évident qu’il s’agit de cantiques car les Psaumes (à l’exception de leurs titres, bien sûr, qui ne doivent pas être chantés) consistent exclusivement en poésie lyrique avec parallélisme. Certains Psaumes contiennent même des refrains, en particulier le Psaume 136.
Deuxièmement, et de façon encore plus évidente, les titres des Psaumes font référence au « musicien en chef », aux chanteurs (« les fils de Coré »), aux instruments de musique (Neginoth, Sheminith, Gittith et Alamoth) et à diverses mélodies ou airs (Muthlaben, Aijeleth Shahar, Shoshannim, Jonathelemrechokim, Altaschith et Mahaloth Leanoth).
Troisièmement, le livre est arrangé sous la forme de 150 cantiques séparés, allant du plus long Psaume, 176 versets (Ps. 119), au plus court, seulement 2 versets (Ps. 117).
Quatrièmement, dans le Psautier, il y a des dizaines d’ordres de chanter la louange de Dieu (par exemple : Ps. 47; 95-96).
Cinquièmement, le roi David, le principal auteur des Psaumes, est appelé « le doux psalmiste [ou chanteur] d’Israël » (II Sam. 23:1).
Sixièmement, le titre même du livre en Hébreu est Sephir Tehellim, le livre de louanges. Dans la traduction Grecque des Septante, utilisée par les apôtres et l’église primitive, ce livre canonique est appelé les Psaumes ou le Psautier.
Septièmement, ces Psaumes sont appelés « les cantiques de l’Eternel » à au moins trois endroits différents dans l’Écriture (I Chron. 25:7 ; II Chron. 29:27 ; Ps. 137:4). Le Seigneur a donné ces cantiques et ils doivent être chantés à sa gloire. Ils sont également appelés « les cantiques de Sion » (Ps. 137:3) et « Sion » est l’église de Dieu. Ces Psaumes sont les chants du Seigneur pour Sion et doivent être chantés par le peuple de Dieu dans Sa louange.
David a eu un rôle clé dans tout cela, car il a composé la majorité des cantiques de l’Eternel en faveur de son église, comme l’explique II Samuel 23:1. Tout d’abord, il est appelé « l’homme haut placé », en référence à sa position exaltée de Psalmiste de l’église de Dieu. Il s’agit d’une fonction dans le service de Jéhovah et aucun homme ne peut s’attribuer lui-même cette fonction ou ce rôle (cf. Héb. 5:4). Deuxièmement, il est appelé « l’oint du Dieu de Jacob ». Il fut élevé par son onction, c’est-à-dire mandaté et équipé par l’Esprit de Dieu pour écrire, pour nous, ces Psaumes. Ainsi, en troisièmement, il est appelé « le doux psalmiste d’Israël ».
Leur Usage dans l’Ancien Testament
Que nous apprend l’Ancien Testament sur l’usage historique des Psaumes ? Le Psaume 30, comme l’indique son titre, fut chanté « lors de la dédicace de la maison de David », son palais royal. Les Psaumes furent chantés lorsque l’arche de l’alliance fut amenée à Jérusalem (I Chron. 15:16-22, 27-28). David institua le chant des Psaumes au tabernacle, pour l’arche qui se trouvait à Jérusalem, dans I Chroniques 16, qui cite, dans l’ordre, diverses parties des Psaumes 105, 96 et 106. Le chant Lévitique des Psaumes fut également institué dans le temple de Salomon (I Chron. 6, 31-47).
David nomma 4 000 Lévites musiciens (I Chron. 23:5), dont 288 chefs de louange (I Chron. 25:7-31), pour louer Dieu par le chant (I Chron. 16:37-42). Ces hommes chantaient les Psaumes lors des sacrifices quotidiens du matin et du soir sur l’autel de l’Éternel (I Chron. 23:30), lors du sabbat hebdomadaire (cf. Ps. 92), lors des nouvelles lunes mensuelles et des fêtes annuelles, telles que la Pâque, la Pentecôte et les Tabernacles (cf. Ps. 81:1-5). I Chroniques 9:33 dit que les Lévites chantaient les Psaumes « jour et nuit » au sanctuaire de Dieu à Jérusalem (cf. Ps. 134:1).
Lorsque l’Église de l’Ancien Testament fut réformée sous les règnes de Joas (avec Jehojada, le grand prêtre), Ézéchias et Josias, elle chanta les Psaumes institués par David et Asaph (II Chron. 23:13,18; 29:25-30; 35:15-16). Nous lisons que des Psaumes furent chantés en d’autres occasions : lors de la dédicace du temple de Salomon (II Chron. 5:12-13) ; comme chants de guerre de l’armée de Josaphat lorsqu’ils sortirent pour combattre les Ammonites, les Moabites et les Édomites (II Chron. 20:21) ; à la pose des fondations du temple de Zorobabbel (Esdras 3:10-11) ; et à la dédicace des murs reconstruits de Jérusalem (Neh. 12:24, 27-29, 45-47).
Plus généralement, les Psaumes étaient chantés lorsque le peuple de Dieu montait à Jérusalem pour célébrer les trois grandes fêtes de pèlerinage. Quatorze Psaumes sont spécifiquement appelés « Cantiques des degrés » ou « des montée » ou « de l’ascension », à savoir, du temple dans la ville sainte (Ps. 120-134). Certains Psaumes étaient spécialement chantés lorsque les saints étaient affligés (Ps. 102) ou dans le « fond de l’abîme » (Ps. 130). Le Psaume 137 fut chanté pour la première fois « sur les bords des fleuves de Babylone ».
Les Psaumes eux-mêmes nous disent que nous, les « Gentils » de l’époque du Nouveau Testament, devons les chanter. Le Psaume 117:1 ordonne : « Louez l’Eternel, vous toutes les nations [c’est-à-dire pas seulement les Juifs ethniques], Célébrez-le, vous tous les peuples [peuple est littéralement au pluriel]! ». C’est ce texte que cite l’apôtre Paul pour justifier son œuvre missionnaire parmi les païens : « Et encore: Louez le Seigneur, vous toutes les nations, Célébrez-le, vous tous les peuples [peuple est littéralement au pluriel]! » (Rom. 15:11). Le Psaume 100:1 déclare : « Poussez vers l’Eternel des cris de joie, Vous tous, habitants de la terre! », y compris les habitants de Singapour, d’Irlande du Nord, du Brésil et du Malawi.
Sous le Nouveau testament – une époque dont parlent les Psaumes eux-mêmes (par exemple, Ps. 22:22-31; 45; 67; 110; etc.) – l’Eternel des armées souhaite que nous chantions sa louange avec le Psautier canonique. Plus encore, Dieu souhaite que nous les chantions jusqu’à la fin du monde, ce que les Psaumes rapportent (par exemple, Ps. 50; 98; 102; etc.). Tout cela est en adéquation avec le fait que David fût élevé comme « le doux psalmiste d’Israël », l’église de Dieu (II Sam. 23:1).
Leur Usage par le Christ dans Son Ministère Terrestre
Il est pratiquement universellement reconnu que les Juifs du temps du Christ chantaient les Psaumes. Les Psaumes canoniques étaient chantés au temple, sur le chemin de Jérusalem par les pèlerins en route pour les fêtes, à la maison et ailleurs.
De plus, presque tout le monde s’accorde à dire que les Juifs chantaient les Psaumes du Hallel (Alléluia ou « Louange à l’Eternel ») lors de la Pâque (Ps. 113-118). Après sa dernière Pâque et la première Cène, nous lisons que Jésus et les onze disciples chantèrent ces cantiques inspirés : « Après avoir chanté les cantiques, ils se rendirent à la montagne des oliviers. » (Matthieu 26:30; Marc 14:26).
Le Saint-Esprit nous dit ici quelque chose de très significatif quant à ce moment critique de la vie du Christ. Il va bientôt être trahi et crucifié pour tous les péchés de tous les élus de Dieu. Il vient d’instituer la Cène, un sacrement du Nouveau Testament, en remplacement de la Pâque de l’Ancien Testament. C’est dans cette situation qu’Il prononça ces belles paroles : « car ceci est mon sang, le sang de l’alliance, qui est répandu pour plusieurs, pour la rémission des péchés. » (Mt. 26:28; Marc 14:24; Luc 22:20; I Co. 11:25). Ensuite, le Christ, le chef de l’église, et les onze disciples, les responsables de l’église du Nouveau Testament, chantèrent les Psaumes du Hallel.
Ainsi, la Pâque disparait comme une simple célébration de l’Ancien Testament (cf. I Cor. 5:7), mais le chant des Psaumes passe dans la nouvelle dispensation. Le chant des Psaumes canoniques est ici associé à la Cène du Seigneur, qui doit être poursuivie jusqu’à ce que Jésus-Christ revienne dans une grande gloire sur les nuées du ciel et avec ses saints anges (I Cor. 11:26).
La Septante
Quelque temps après l’achèvement du livre des Psaumes et l’inspiration de tous les autres livres du canon de l’Ancien Testament, les Écritures Hébraïques furent traduites en Grec. Pourquoi ? La réponse est que de nombreux Juifs avaient été dispersés en dehors de leur ancienne patrie, en particulier dans toute la Méditerranée orientale. À cette époque, de nombreuses personnes dans l’Empire Romain parlaient Grec, y compris les Juifs. Au fil des ans, les Juifs ou, du moins, beaucoup d’entre eux avaient perdu la faculté de lire et d’écouter l’Hébreu. Ainsi, une traduction Grecque de l’Ancien Testament, comme nous l’appelons aujourd’hui, fut produite vers 200 avant JC. Cette version, la Septante, était utilisée dans les synagogues des Juifs. La plupart des Juifs et des prosélytes qui possédaient des exemplaires de la Bible possédaient cette traduction Grecque. Elle était utilisée pour la mémorisation et l’enseignement. En bref, la Septante Grecque était la Bible de l’église de cette époque là.
Qu’en est-il de la traduction des Psaumes de la Septante ? Le Sepher Tehillim (livre de louanges) en Hébreu est devenu les Psalmoi en Grec, connu en Français sous le nom de Psaumes ou de Psautier. Les titres des Psaumes Grecs eux-mêmes contiennent trois mots – et seulement trois – pour désigner ces Psaumes comme matériel de chant : psalmos (psaume), hymnous (hymne) et oodee (cantique).
Que se passa-t-il lorsque l’Évangile se propagea de Jérusalem à Juda, à la Samarie et au-delà ? Les apôtres, comme nous le lisons dans le livre des Actes des Apôtres, se dirigèrent premièrement vers la synagogue. Dieu appela Son peuple élu du milieu d’eux. Ces Juifs croyants et prosélytes devinrent le noyau de l’église du Nouveau Testament, d’autres les rejoignirent. La Bible de ces églises naissantes était la Septante.
Les Trois Noms Clés en Éphésiens 5:19 et Colossiens 3:16
Examinons maintenant deux textes clés dans ce débat : Éphésiens 5:19 et Colossiens 3:16.
Entretenez-vous par des psaumes, par des hymnes, et par des cantiques spirituels, chantant et célébrant de tout votre coeur les louanges du Seigneur (Ep. 5:19).
Que la parole de Christ habite parmi vous abondamment; instruisez-vous et exhortez-vous les uns les autres en toute sagesse, par des psaumes, par des hymnes, par des cantiques spirituels, chantant à Dieu dans vos coeurs sous l’inspiration de la grâce (Col. 3:16).
La question est de savoir ce que signifient les trois noms : « psaumes », « hymnes » et « cantiques ». Plus fondamentale encore est cette interrogation : comment déterminer ce que signifient les « psaumes », les « hymnes » et les « chants » ? Venons-nous au texte avec des idées préconçues, propres à la sphère évangélique du XXIe siècle, quant à la significations de ces termes ou laissons-nous le contexte historique et scriptural déterminer ce que l’apôtre Paul voulait dire, et ce que les Éphésiens et les Colossiens ont compris de ces termes ?
Examinons d’abord le mot psalmos ou psaume. Presque tous, y compris les chanteurs d’hymnes non inspirés, admettent qu’il s’agit des Psaumes bibliques. Psalmoi ou Psaumes est le titre du plus long livre canonique de la Septante Grecque et de nos Bibles Françaises. On trouve également le mot « Psalmoï » dans les titres de 67 Psaumes et 11 fois dans les Psaumes eux-mêmes de la Septante, ainsi qu’il apparaît fréquemment dans le livre des Psaumes de nos Bibles en Français. C’est clair et simple.
Deuxièmement, à quoi se réfèrent les hymnoi ou « cantiques » en Éphésiens 5:19 et Colossiens 3:16 ? Nous avons examiné les Psaumes du Hallel que le Christ et ses onze disciples chantèrent après la Cène, et nous avons vu que les Psaumes inspirés 113-118 étaient appelés « hymnes » (Mt. 26:30 ; Marc 14:26). En Hébreux 2:12, Jésus-Christ dit : « J’annoncerai ton [c’est-à-dire Dieu] nom à mes frères, Je te célébrerai au milieu de l’assemblée » ou « je te chanterai un hymne », le verbe de cette dernière clause étant une forme d’hymnos. Cet « hymne » est une citation du Psaume 22:22 !
Dans la traduction de la Septante, le mot hymnos (hymne) se trouve dans le titre de 6 Psaumes et 7 fois dans les Psaumes eux-mêmes. Dans cette version Grecque, en II Samuel, I et II Chroniques, et Néhémie, on trouve pas moins de 16 endroits dans lesquels un Psaume est appelé hymnos (hymne) ou oodee (cantique) et le chant de ces derniers est appelé d’un verbe venant de hymnos. En Égypte, un Juif nommé Philo (d.c. 40-50 ap. J.-C.) désigne fréquemment un psaume comme hymnos. C’est d’ailleurs le mot habituel qu’il emploie pour désigner les Psaumes canoniques. Vous et moi, à notre époque et dans notre culture, nous les appelons Psaumes, mais Philon, dans son monde et à son époque, les appelait généralement hymnes. De même, Josèphe, un Juif qui vécut durant les deux derniers tiers du premier siècle après J.-C., appelait à maintes reprises un psaume un « hymnos » ou un hymne.
Troisièmement, nous concluons par oodee ou cantique utilisé, par exemple, dans le titre du psaume 45 : « Un cantique d’amour ». Le mot oodee ou cantique se trouve dans le titre de 36 Psaumes de la Septante et 9 fois dans les Psaumes eux-mêmes.
Cantiques Spirituels
Après avoir montré que les « psaumes », « hymnes » et « cantiques » d’Éphésiens 5:19 et de Colossiens 3:16 sont des mots différents pour se référer à ce que nous appelons les Psaumes canoniques, nous poursuivons notre examen de ces deux versets clés :
Entretenez-vous par des psaumes, par des hymnes, et par des cantiques spirituels, chantant et célébrant de tout votre coeur les louanges du Seigneur (Ep. 5:19).
Que la parole de Christ habite parmi vous abondamment; instruisez-vous et exhortez-vous les uns les autres en toute sagesse, par des psaumes, par des hymnes, par des cantiques spirituels, chantant à Dieu dans vos coeurs sous l’inspiration de la grâce (Col. 3:16).
L’adjectif « spirituel » qualifie le mot « cantiques » dans les deux textes. « Spirituel » dans la Bible signifie bien plus que religieux ; « spirituel » dans les Écritures fait référence à ce qui appartient ou qui est déterminé par le Saint-Esprit. Ephésiens 5:19 et Colossiens 3:16 parlent des cantiques de l’Esprit, et les 150 Psaumes sont très certainement les cantiques du Saint-Esprit. Ils sont inspirés ou soufflés par le Saint-Esprit comme Sa Parole (II Tim. 3:16; II Pet. 1:21). Citant le Psaume 95:7, Hébreux 3:7-8 déclare : « C’est pourquoi, selon ce que dit le Saint-Esprit: Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, N’endurcissez pas vos coeurs ».
B. B. Warfield explique le mot « spirituel » dans les Écritures :
Sur les vingt-cinq occurrences de ce mot dans le Nouveau Testament, aucune ne se situe aussi bas dans sa référence que l’esprit humain ; et dans vingt-quatre d’entre elles, il est dérivé de [pneuma], l’Esprit Saint. En ce sens d’appartenir à, ou d’être déterminé par, le Saint-Esprit, l’usage du Nouveau Testament [de « spirituel »] est uniforme, à la seule exception d’Eph. 6:12, où il semble se rapporter aux intelligences supérieures, et surhumaines [c’est-à-dire aux anges {mauvais}, qui sont des « esprits » {cf. Ps. 104:4 ; Héb. 1:7, 14}]. La traduction appropriée de ce terme [« spirituel »] est dans chaque cas « donné par l’Esprit », « dirigé par l’Esprit » ou « déterminé par l’Esprit ».1
Tous s’accordent à dire que l’adjectif « spirituel » (« de l’Esprit ») qualifie certainement le mot « cantiques ». Il peut aussi qualifier les « psaumes » et les « hymnes », ainsi que les « cantiques ». Cela correspondrait à la grammaire Grecque et à la signification scripturale des trois noms.
A ce stade, quelqu’un pourrait dire : « le verset signifie donc chanter des psaumes, des psaumes et des psaumes. » A cela, nous répondons : « Oui ! N’avez-vous jamais remarqué que la Bible contient beaucoup de triplés de ce genre ? » Le jour de la Pentecôte l’apôtre Pierre prêcha que le Seigneur Jésus-Christ était divinement approuvé par « des miracles, des prodiges et des signes » (Actes 2:22) – différentes manières de parler d’une même chose : les miracles ! Selon Exode 34:7, Dieu pardonne « l’iniquité, la transgression et le péché » – encore une fois, différentes façons de dire essentiellement la même chose. Les trois noms « psaumes », « hymnes » et « cantiques » sont utilisés en Éphésiens 5:19 et Colossiens 3:16 car ce sont les trois termes – et les trois seuls – utilisés dans la Bible pour les Psaumes « spirituels » ou « inspirés par l’Esprit », que Dieu a donné à Son église pour qu’elle les chante.
Autres Arguments Tirés d’Éphésiens 5:19 et de Colossiens 3:16
Il y a diverses combinaisons utilisées dans les titres du Psautier de la Septante Grecque, l’Ancien Testament de la plupart des églises anciennes. Douze fois, nous trouvons que l’une des odes inspirées est un « psaume » et un « cantique », le premier et le troisième terme utilisé dans Éphésiens 5:19 et Colossiens 3:16. Deux fois, un Psaume canonique est appelé « psaume » et « hymne », les deux premiers des trois termes utilisés dans ces textes clés. Dans le titre du Psaume 75, numéroté Psaume 76 dans la Septante, les mots « psaume », « hymne » et « cantiques » sont utilisés – précisément les trois termes que l’on trouve dans Éphésiens et Colossiens. Cette combinaison « chantant et célébrant » les « psaumes, hymnes et cantiques spirituels » d’Éphésiens 5:19 se retrouve à d’autres endroits et sous différentes formes dans le Psautier de la Septante (par exemple, Ps. 26:6; 56:8; 104:2; 107:2).2
Avec ces odes inspirées, les Chrétiens sont bien équipés pour accomplir leur mission « instruisez-vous et exhortez-vous les uns les autres » (Col. 3:16). C’est ce que nous faisons en chantant selon la Bible. Cela fait partie du but de notre louange – s’instruire et s’exhorter mutuellement – tout en glorifiant Dieu et en nous fortifiant dans notre Rocher.3 L’un des mots utilisés dans les titres des Psaumes Hébreux est « Maschil » qui fait référence à l’enseignement ou à l’instruction. Tous conviendront que le riche contenu des 150 Psaumes nous enseigne énormément. Plus vous chanterez les Psaumes avec les saints, plus vous vous rendrez compte que vous êtes tous en train de vous « instruire » et de vous « exhorter les uns les autres » par la sainte Parole de Dieu.
Prenons le Psaume 37 comme exemple : « Confie-toi en l’Eternel, et pratique le bien », « Fais de l’Eternel tes délices », « Recommande ton sort à l’Eternel, Mets en lui ta confiance », « Garde le silence devant l’Eternel, et espère en lui; Ne t’irrite pas », « Laisse la colère, abandonne la fureur; Ne t’irrite pas, ce serait mal faire » (v. 3, 4, 5, 7, 8). Dans le chant communautaire de l’église, nous nous instruisons et nous exhortons les uns les autres avec les Psaumes infaillibles. Souhaitons-nous nous instruire et nous exhorter dans l’église avec des hymnes faillibles de composition humaine qui peuvent errer et qui, dans de nombreux cas, ont erré ?4
Colossiens 3:16 parle de « la parole de Christ ». Les Psaumes sont sans aucun doute la Parole du Christ puisqu’il les a écrits, car « l’Esprit du Christ » a parlé dans l’Ancien Testament (en particulier dans les Psaumes) de ses « souffrances… et de la gloire dont elle serait suivie » (I P. 1:11). Les Psaumes parlent du Seigneur Jésus de manière directe (par ex. Ps. 2) et par type, en particulier à travers David, le doux psalmiste d’Israël, qui est un grand type du Christ, en tant que roi persécuté et glorieux (par ex. Ps. 16; 18; 22; 24; 41; 55; 68; 69; 110). Dieu a fait vivre à David ses expériences pour nous enseigner les souffrances et la victoire de Jésus-Christ.5 Les nombreuses références aux sacrifices sanglants de la loi cérémonielle typifient également l’oblation du Fils de Dieu crucifié (par exemple, Ps. 22 ; 40 ; 51 ; cf. Héb. 10:1-14).6
En nous instruisant et en nous exhortant les uns les autres avec les Psaumes de Dieu, « la parole de Christ » habite en nous « abondamment » (Col. 3:16), de sorte que nous jouissons d’une communion d’alliance avec la Sainte Trinité. Les cantiques de composition humaine sont-ils « la parole de Christ » ? L’église pourra-t-elle se tenir devant Dieu au jour du jugement avec ses hymnes non inspirés et dire : « Nous avons chanté la parole du Christ » ?
Par ailleurs, Colossiens 3:16 dit que nous devons nous instruire et nous exhorter les uns les autres avec ces cantiques spirituels « en toute sagesse ». Concernant le Psautier, le recueil des cantiques de Dieu, nous pouvons dire avec certitude que nous nous instruisons et exhortons « en toute sagesse », puisque Christ, qui est la sagesse même de Dieu (Prov. 8 ; I Cor. 1:24), est son auteur et qu’il révèle la sagesse de Dieu. Existe-t-il un livre de cantiques humains qui contienne « toute sagesse » ?
De plus, Éphésiens 5 déclare que chanter les Psaumes de Dieu (v. 19) est un moyen d’être « rempli du Saint-Esprit » (v. 18). C’est le lien entre le verset 18 et le verset 19 d’Éphésiens 5 ! Chanter « les cantiques de l’Eternel » (Ps. 137:4) est un moyen qui nous est donné par Dieu pour que nous soyons remplis du Saint-Esprit et donc sous Son influence bénie. Ce divin remplissage n’a rien à voir avec l’expérience de la « seconde bénédiction » vantée par le Pentecôtisme, mais tout à voir avec le fait de chanter les Psaumes inspirés !
Dans Éphésiens 5:19 et Colossiens 3:16, il faut également noter que nous ne sommes pas appelés à écrire des cantiques d’adoration. Il existe toutes sortes de dons spirituels mentionnés dans le Nouveau Testament (par exemple, Rom. 12:6-8; I Cor. 12:8-10). Il y a six offices dans le Nouveau Testament : certains extraordinaires et temporaires (apôtres, prophètes et évangélistes) et d’autres ordinaires et permanents (pasteurs, anciens et diacres). Pourtant, il n’y a pas d’office dans le Nouveau Testament permettant à qui que ce soit d’écrire les cantiques de l’église, et le Nouveau Testament ne mentionne aucun don de l’Esprit pour cela.
Mais nous avons ce merveilleux cadeau de Dieu : les 150 Psaumes inspirés ! Beaucoup de ces cantiques spirituels furent écrits par David, qui reçut la grâce requise, par « l’Esprit de l’Eternel », en tant que « oint » dans son office de « doux psalmiste d’Israël » (II Sam. 23:1-2). Nous n’écrivons donc pas un cantique ; nous chantons un cantique et nous chantons « les cantiques de Sion » (Ps. 137:3).
APPENDICE
Le Principe Régulateur du Culte Public
Le second commandement nous enseigne comment adorer le Dieu saint, avec cet avertissement redoutable qui y est joint : « car moi, l’Eternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis l’iniquité des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent » (Ex. 20:5). Le « Dieu jaloux » nous dit du ciel qu’Il est jaloux de Son culte. Par conséquent, tout Chrétien doit veiller à l’adorer avec droiture et être jaloux de la légitime adoration du Tout-Puissant.
L’Éternel déclare : « Vous observerez et vous mettrez en pratique toutes les choses que je vous ordonne; vous n’y ajouterez rien, et vous n’en retrancherez rien » (Dt. 12:32). Ce sont les paroles de notre Sauveur pour son église sous le Nouveau Testament, dans le Grand Mandat Missionnaire : « Enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit [et rien d’autre] » (Matt. 28:20) ! L’apôtre Paul parle du grave péché du « culte volontaire » (Col. 2:23). Le « culte volontaire » est d’adorer le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ selon notre volonté et non la sienne ; il s’agit de toute manière ou façon d’adorer qui n’est pas commandée par Sa Parole inspirée et infaillible.
Dans les églises Presbytériennes et Réformées, solides et confessantes, cet enseignement biblique est connu sous le nom de principe régulateur. Malheureusement, à notre époque dégénérée, beaucoup n’ont jamais entendu parler du principe régulateur, et l’ont moins encore entendu prêché, expliqué, développé, appliqué et soutenu fidèlement. De nombreuses églises manquent à leurs obligations envers leurs membres en n’enseignant pas cet aspect crucial de « tout le conseil de Dieu » (Actes 20:27). Si cette vérité scripturale n’est pas enseignée dans votre congrégation et si ce principe ne règne pas dans votre cœur, alors vous et votre église êtes largement ouverts aux éléments et pratiques non bibliques dans le culte, et il se peut très bien que vous vous y adonniez déjà.
Le Catéchisme de Heidelberg, une confession Réformée continentale, enseigne le principe régulateur :
Q. 96. Que Dieu demande-t-il dans le deuxième commandement?
R. Que nous ne représentions Dieu en aucune manière et que nous ne lui rendions aucun autre culte que celui qu’il a commandé dans sa Parole.
De même, le Petit Catéchisme de Westminster déclare que le second commandement interdit d’adorer le Dieu Trinitaire par des images « ou par tout autre moyen qui n’est pas prescrit dans sa Parole » (R. 51).
Les Standards de Westminster, les crédos des églises Presbytériennes, déclarent que les éléments du culte public de Dieu doivent être « institués », « limités », « prescrits » ou « désignés » par Dieu dans les Écritures (Confession de Westminster 21:1 ; Grand Catéchisme de Westminster, Q. & R. 108-109 ; Petit Catéchisme de Westminster, Q. & R. 50-51). La Confession de Westminster 21:3-5 et le Grand Catéchisme de Westminster, Q. & R. 108 énumèrent ce que l’on appelle les « parties du culte religieux ordinaire de Dieu » : « la prière », « la lecture des Écritures », la prédication de la Parole, le « chant des psaumes », « les sacrements », la discipline de l’église, etc.
La question est de savoir si tel ou tel élément dans le culte de l’église possède un mandat dans la Parole de Dieu. S’il n’y a pas de mandat, alors il est interdit. Vous ne devez pas le faire et le Dieu vivant vous jugera si vous le faites, car il est jaloux de son culte.
La doctrine du culte dans l’Église de Rome, le Luthéranisme, l’Anglicanisme et une grande partie de l’Évangélicalisme moderne, qui s’écarte de la Parole de Dieu, est la suivante : « Tout ce qui n’est pas interdit est permis ». La position Réformée et Presbytérienne est la suivante : « Si quelque chose n’est pas ordonnée, elle est interdite ». La charge de la preuve incombe donc à ceux qui souhaitent introduire ou défendre un élément du culte : Peuvent-ils prouver qu’ils possèdent un mandat clair et précis de la Parole de Dieu pour cela ? Rappelez-vous que l’Écriture proclame que « tout ce qui n’est pas de la foi est péché » (Rom. 14:23).
La Confession de Westminster 21:5 précise non seulement les éléments du culte mais aussi des détails importants concernant ces parties du service divin. Il ne faut pas seulement « la lecture des Écritures » mais encore « la lecture des Écritures avec une crainte pieuse ». La prédication doit être « solide » – pas faible, douteuse, hérétique, ou une simple réthorique – et elle doit être reçue « dans l’écoute attentive de la parole » par la congrégation. Le chant doit être le « chant des psaumes avec la grâce dans le cœur ». Toutes ces choses font partie du principe régulateur du culte biblique, selon la Confession Presbytérienne de Westminster 21:5.
En bref, nous ne devons pas adorer le Dieu Trinitaire d’une manière « non prescrite dans les Saintes Écritures ».
… la manière acceptable d’adorer le vrai Dieu est instituée par lui-même, et limitée par sa propre volonté révélée, de sorte qu’il ne peut être adoré selon l’imagination et les désirs des hommes, ou selon les suggestions de Satan, sous quelque représentation que ce soit, ou de quelque autre manière que ce soit non prescrite dans la Sainte Ecriture (Confession de Westminster 21:1).
Il s’agit d’un principe de grande portée, qui inclut non seulement le contenu de la louange, mais exclut également des choses telles que les témoignages, le théâtre, les solistes, les numéros spéciaux, etc. dans les services de culte de l’église. Tous ces éléments ou pratiques dans le culte officiel de l’église ne sont pas Presbytériens ni Réformés – et non bibliques.
Pour lire des ressources supplémentaires en français, cliquez ici
____________________________